PHONOGRAPHIES MOBILES

Depuis 2010, nous mettons en place des pratiques d’écoute hors les murs du théâtre. Sortir de notre territoire pour aller à la rencontre du son représente l’occasion de vivre notre écoute à partir de l’espace réel. Nous nous déplaçons avec des outils allégés vers des lieux inusités pour permettre à la captation sonore d’être une expérience d’écoute avant tout sensible, collaborative et performative.

Ainsi, notre recherche aurale et sonore passe par une expérience d’errance dans la réalité, et génère en nous un désir d’errance au théâtre. Notre déplacement n’est plus seulement une exploration, mais devient partie prenante d’une œuvre plurielle et instable. 

Cependant, ce travail d’écoute et de son ne se manifeste pas seulement à travers l’enregistrement sonore, mais se restitue aussi dans l’image de vidéos et de photos, dans les mots et les textes, à travers les objets comme à travers les personnes et leur corps, leur culture et toute expression immatérielle. C’est à partir de cette multimodalité, de cette mobilité que se déploie notre écoute « sans bord » qui pourtant nous guide vers une dramaturgie. À cet égard, nous n’anticipons pas l’œuvre qui peut surgir de nos explorations immersives. La forme artistique comme son processus se développent selon les environnements, les rencontres et la nature des captations.

Cette démarche vers une dramaturgie sonore et mobile repose sur la pratique de la phonographie. Celle-ci consiste à se saisir, à l’aide d’appareils d’enregistrement, non pas tant d’un objet sonnant (repérable, acquis et reproductible) mais d’une relation parfois fortuite avec un événement ou plus confusément, avec une atmosphère qui serait « quelque chose d’inexprimable, […] l’humeur ou l’émotion émanant d’un lieu, d’un contexte ou d’une situation en particulier » (Georges Home-Cook). Issue de l’art sonore, la phonographie est davantage une question d’approche, de façon de voir les choses, que de création d’œuvres acoustiques en tant que telles (Owen Chapman). 

Cette recherche création sur une phonographie mobile se compose de trois expériences pour lesquelles chaque fois nous nous sommes imprégnés d’un lieu tout en étant guidés par une personne attachée à ce lieu. La mobilité du processus aural et sonore aura confirmé notre besoin d’élargir notre émancipation des limites scéniques et dramaturgiques. La question du son est devenue celle d’une dramaturgie sans bord qui peu à peu intègre la fabrication de scènes transmédiatiques qui suscitent un échange toujours plus coconstructeur avec le spectateur présent ou à distance.

  • CHARLES BUCKELL
  • DANSE TRANSMÉDIATIQUE
  • LES DOMINICAINES MONIALES ET LAURENCE

Depuis les débuts de notre recherche, nous tendons à ouvrir notre pratique d’écoute vers la captation de sons d’environnements inusités, éloignés des frontières physiques de la scène théâtrale. C’est à travers une exploration sensible que nous prélevons des sons bruts issus du réel afin de les mettre en valeur plutôt que de les inventer. Cette démarche mobile et phonographique en quête de son ouvre sur une diversité de matériaux autant corporels, textuels, visuels que scénographiques qui peu à peu aideront à construire une œuvre restituant la faillibilité de notre écoute.

En juin 2016, Charles Buckell, étudiant à l’UQAC et artiste de la communauté de Mashteuiatsh, accepte de partager avec nous et de nous faire découvrir son territoire familial sur les bords de la rivière Chigoubiche. À partir d’une pratique collaborative, toute l’équipe propose un processus de création qui repose sur deux étapes principales : une immersion dans le parc de Chibougamau au cœur de la réserve faunique Ashuapmushuan puis à partir des matériaux récoltés, une conception scénique au Studio Théâtre de l’UQAC.

Nous tenons à remercier Andy Tremblay, Véronique Ménard, Hélène Bergeron et la famille Robertson.

Ce programme est financé par la Chaire de recherche du Canada en dramaturgie sonore au théâtre, l’Université du Québec à Chicoutimi, le Fond de Recherche du Québec Société et Culture (FRQSC) et le CELAT.

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Pour cette deuxième phonographie, nous nous installons au sein du village de Val-Jalbert que nous choisissons en raison de sa conservation exceptionnelle qui témoigne de la culture ouvrière spécifique à la pâte à papier. Situé entre le lac Saint- Jean et la chute de la rivière Ouiatchouan (plus haute que celles du Niagara), cet environnement nous permet, une fois de plus, de relier le son à une dimension sociogéoculturelle.

Ce que nous recherchons d’abord c’est interroger plus ouvertement la place du corps dans l’action d’écoute. Mais quel corps ? Bien sûr, nous convoquons le corps organique et incarné, mais aussi une corporéité aux résonances virtuelles. Comme le principe de nos phonographies repose sur l’influence d’une personne invitée qui sera partie prenante dans le processus et la finalité de l’œuvre, nous convions deux artistes français de la danse. Emmanuelle Huynh (chorégraphe, danseuse et directrice de la compagnie Mua) et Matthieu Doze (sonographe et danseur). De même, nous convions trois étudiantes dont la pratique en danse s’inscrit dans une démarche professionnelle, Karina Iraola (UQAM), Karine Ledoyen (U. L.) et Maria Velez (UQTR).

L’autre objectif consiste à poursuivre notre expérimentation de formes hybrides et métathéâtrales dont la mobilité des outils et la mise en ligne des présentations publiques influent sur la place résolument évolutive du spectateur.

Ce projet consistant à relier son, danse et scène transmédiatique tente de construire des conditions de création capables de subir l’influence immédiate de spectateurs interconnectés à notre web radio ou à notre page Facebook. Enfin, grâce à Pierre Tremblay-Thériault, ce projet est également l’occasion de premiers essais avec le casque de réalité virtuelle à travers la conception d’un environnement 3D manipulable sur le web et qui de retour à l’UQAC, sera projeté sur scène.

Nous tenons à remercier Plateforme Múa, le Village historique de Val-Jalbert à travers Michèle Castonguay, Élise Hudon-Thibeault et France Gagnon, CEUC UQAC et Stéphane Boivin, Hélène Bergeron ; nos Spectateurs-internautes : Gisèle, Elaine, Marilou, Stéphane, Diego, Ninon, Carole, Gilles, Edouard, Karla, Diana, Alexandre, Guillaume, Maurine, Bertha.

Ce programme est financé par la Chaire de recherche du Canada en dramaturgie sonore au théâtre, l’Université du Québec à Chicoutimi, le FQRSC et le Consulat de France.

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Dans une volonté collaborative, nous sollicitons la poète et performeuse Laurence Brunelle-Côté du Bureau de l’APA, qui nous suggère un environnement à explorer. Avec elle, nous vivons un temps d’immersion dans le couvent des Moniales Dominicaines à Shawinigan et dans leur monastère désaffecté de Berthierville. Dans ce monastère sur le point d’être vendu, nous entrevoyons la fin d’un monde. Et à travers une installation performative, nous interrogeons cette finitude.

C’est en alternant des périodes d’immersion dans le couvent et le monastère, des périodes d’exploration au LANTISS et au monastère des Augustines à Québec ainsi que sur le plateau, en parallèle avec un échange épistolaire entre Laurence et sœur Julie, que nous construisons ce nouveau projet phonographique.

Nous tenons à remercier le Festival de théâtre de l’université Laval (Lantiss) et le Lamic de l’Université Laval, le Musée du monastère des Augustines, ainsi que l’UQAM (Centre Pierre-Péladeau) pour nous avoir ouvert leurs portes pour l’exploration scénique et la diffusion de notre travail.

Ce projet est financé par l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), la Chaire de recherche en dramaturgie sonore au théâtre, le Fond de Recherche du Québec Société et Culture (FRQSC) et le CELAT.

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