Co-Paysage

 

Cette recherche création en théâtre a pour but de s’emparer d’une pensée comme d’une action écologique en inscrivant l’écriture dramatique dans « l’imprévisibilité fondamentale du vivant » (Morizot), et ainsi en participant à la question de la cohabitation entre le paysage, l’auteur et l’écriture dramatique.

Cette volonté de coexistence nous pousse à parler de co-paysage (Quéinnec et Giguère, 2022), tant l’attention entre l’auteur et l’environnement appelle à une réciprocité. Écrire pourrait se produire à partir et avec le paysage, qui « n’est pas seulement contexte et processus, mais devient aussi auteur de l’œuvre, traçant les contours, les textures et les états de corps qu’il façonne […], le paysage est vivant, sensible et porteur de savoirs » (Naoufal, 2020 :62). Seulement, pour qu’une telle corrélation se révèle un enjeu, nous nous intéressons à la rencontre entre un tiers paysage (Clément), soit celui de l’indécis et de la diversité, et un texte dramatique conçu comme matériau souple et mouvant (Danan, 2010) capable d’« incorporer des médias à son espace performatif » (Kattenbelt, 2007 :37).

 

L’originalité de cette recherche ne repose pas sur l’intérêt admis d’intégrer l’écologie au champ théâtral, mais bien de faire place à l’expérience même que cette question doit provoquer pour une écriture dramatique actuelle sur le plan méthodologique, esthétique et discursif. En ce sens, nous empruntons la voie tracée par Julie Sermon dans son dernier ouvrage qui montre que l’écologie dans les arts vivants fait advenir « des formes et des actions […], permettant de métaboliser les contenus idéels du savoir en perceptions et en impressions vécues qui nous portent, du même coup, « à désirer et faire mouvement » ». (Sermon, 2021: 33). C’est en nous appuyant sur une pratique du terrain que nous chercherons à faire mouvement en entrainant le corps « écosensible […] à inaugurer un autre rapport au monde vivant et [à devenir] simultanément plus aventureux » (Morizot, 2018 :25). Il s’agira de considérer le co-paysage comme « un indispensable territoire d’errement de l’esprit » (Clement, 2004 : 25) et de nous imprégner du concret d’une écologie dite sombre, celle de l’hésitation, de l’étrangeté et de l’attention (Morton, 2019 :103). L’originalité de notre projet repose aussi sur les collaborations et les paysages que nous visons. À chaque étape, on se transportera vers des environnements instables : des lieux urbains à la marge, le bord du fleuve, une activité agricole avec des animaux. Au cœur de ces situations s’écriront des histoires tout aussi mouvantes sur l’identité nomade et queer, sur des impressions maritimes, sur l’attention aux animaux. Ces explorations textuelles de terrain affirmeront des processus pluriels et performatifs avec le corps « queer », la poésie sonore, la vidéo, la sculpture installative, la radio et encore la réalité augmentée.

  • ANNÉE 1 (2023)
  • ANNÉE 2 (2023-2024)
  • ANNÉE 3 (2024-2025)

Sainte-Anne-Des-Monts est la première destination où nous mettons de l’avant une écriture en co-paysage. En suivant la route 132 le long du fleuve Saint-Laurent, nous entamons avec nos deux artistes invitées, Laurence Brunelle-Côté et Julie Delorme, un premier mouvement nomade à nos gestes d’écriture. C’est en s’immergeant dans cette atmosphère ouverte et maritime de la Haute Gaspésie que l’on souhaite développer un rapport de réciprocité entre le paysage et nos explorations, et donner cours à des pratiques plus alternatives en termes narratifs, processuels et spectatoriels. Nos écoutes in situ donneront lieu à des performances en direct et en diffusé sur notre chaine Youtube, et ensuite lors d’événements au cours de l’année 2023-24.

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